Nouveau collègue, le Cobot

La robotique collaborative appelée la cobotique commence à faire son entrée dans les usines. Les robots ne sont plus unitâches, spécialisés et attachés à un poste de travail précis. Le cobot est un robot multitâche, flexible et adaptable aux besoins de la production et : "Sa capacité à être multitâche tient à deux facteurs. D’une part le cobot n’est pas figé dans une installation et peut évoluer dans l’atelier. D’autre part son rôle peut être modifié par l’opérateur avec des interfaces qui rendent sa programmation plus facile." [1].

La souplesse qu'offre la cobotique tant par sa capacité multitâche que la faculté d'en modifier la nature va permettre d'étendre l'automatisation et la robotisation des tâches pénibles du travail qui ne le sont pas encore actuellement : "En confiant les tâches traumatisantes au cobot, l’homme se concentre sur les opérations à valeur ajoutée." [1].

Les cobots sont déjà utilisés pour établir des collaborations homme-machine sur des postes de travail pour lesquels des manipulations de pièces lourdes sont nécessaires, comme dans l'industrie automobile par exemple.

L'arrivée de la cobotique change la nature même du poste de travail occupé par le travailleur. La tâche pénible et à risque est exécutée par le cobot, et le travailleur devient téléopérateur du cobot : "Autrement dit, il reste responsable de la qualité du travail, mais doit faire évoluer les savoir-faire qu’il mobilisait. Sans pour autant jeter sa pratique aux orties." [1].

La conception de l’interaction entre l’opérateur et le robot est basée sur "l’activité réelle du travailleur, avec ses compétences et ses savoir-faire mis en œuvre." [1]. Nous ne sommes donc plus dans la simple interchangeabilité d'un mouvement entre un travailleur et un robot, mais bien dans l'adaptation du robot à la réalisation collaborative de tâches qui nécessitent des étapes complexes et une ergonomie précise, ainsi : "À la différence de la robotisation classique, la cobotisation pousse à se concentrer sur l’humain." [1].



Cobots : quand les robots viennent au secours des ouvriers ! - La Quotidienne


Mais l'intégration de la cobotique sur les chaînes de production doit tenir compte des facteurs humains et psychologiques car : "L’acceptabilité de la machine par l’homme est la question centrale de la cobotique." [1], en effet : "Ces outils seront bien acceptés s’ils soulagent l’homme, lui permettent de garder la maîtrise sur son cœur de métier et de donner du sens au travail" [1].

L'introduction de ce nouveau collègue, le cobot, peut engendrer de nouvelles contraintes, car le cobot :"perturbe l’environnement humain. Au sens organisationnel, psychique et même physique." [1], ainsi "Il peut limiter le geste du salarié et l’obliger à opérer d’une certaine manière, restreignant sa marge de manœuvre, pourtant essentielle pour faire face aux imprévus du travail et pour préserver sa santé physique et psychique." [1].

Pour favoriser la collaboration et l'intégration des cobots, des expériences d'"humanisation" sont mises en place, comme par exemple chez Audi à Forest en Région bruxelloise, ainsi : "Pour que cette collaboration soit efficace, des chercheurs belges donnent une apparence plus humaine aux cobots, pour les rendre acceptables aux yeux des travailleurs." [2].

Mais l'"humanisation" a ses limites, car : "Le risque de trop humaniser un robot est de lui prêter des capacités qu’il n’a pas, que l’être humain a mais pas la machine.", et "On risque de frustrer l’être humain en laissant croire que le robot peut faire certaines tâches alors que ce n’est pas le cas" (Jean Vanderdonck in [2]).

Le cobot est donc un nouveau collègue qui fait ses premiers pas dans les ateliers, mais nécessite de tenir compte des impacts majeurs qu'il a sur l'organisation du travail et sur les interactions avec les salariés. Et "Plus il est autonome, mieux il est accepté." [1].

Mais l'autonomie a-t-elle le même sens lorsque l'on parle de robot, car : "En parlant d’autonomie, d’intelligence artificielle, de capacités d’apprentissage, d’empathie artificielle et de réseaux de neurones, les informaticiens prennent le risque de nous faire oublier que ces mots ne désignent rien de comparable à ce qu’ils signifient chez l’homme." [3].

En effet, pour Serge TISSERON, Psychiatre, membre de l’Académie des Technologies : "Ces expressions sont des métaphores, et elles risquent en outre de nous cacher que ces machines resteront encore longtemps sous le contrôle humain.", et d'ajouter que : "Le robot ne sera jamais un collègue comme un autre, car sa capacité d’initiative sera volontairement bridée pour en faire un auxiliaire au service de l’humain, un collaborateur dévoué et efficace." [3].



Nos collègues les robots - FUTUREMAG - ARTE


Le robot intégré dans un process de production doit effectuer les tâches que l'on veut qu'il réalise, et ce, de façon la plus autonome possible, de manière la plus adaptable possible, qu'il parvienne à "s’imbriquer et à se compléter avec les possibilités humaines.", et : "il est moins important de donner aux robots une conscience toujours plus grande que de réfléchir aux modalités limitées de conscience dont ils pourraient être dotés de façon à permettre à l’homme de développer toutes les formes de sa propre conscience du monde et de lui-même, autrement dit, le rendre toujours plus performant." [3].
 
Les enjeux de la robotisation et de l'introduction des cobots dans les ateliers sont, ne l'oublions pas, d'accroitre la productivé, la créativité, la compétitivité des entreprises et des travailleurs.
 

[1] Marion Garreau, "Mon collègue, ce cobot", L'Usine Nouvelle, 07/05/2018, https://www.usinenouvelle.com/editorial/mon-collegue-ce-cobot.N687674
[2] Simon Bourgeois, "Un robot à l'apparence humaine en guise de collègue: "Ça change complètement l'ambiance de travail"", RTBF, Rubrique Economie, 21/06/2019, https://www.rtbf.be/info/economie/detail_un-robot-a-l-apparence-humaine-en-guise-de-collegue-ca-change-completement-l-ambiance-de-travail?id=10252118
[3] Serge TISSERON , "La relation homme-robot : un enjeu de co-créativité", EXPECTRA, Billets blogueurs, 22/02/17,  https://www.leblogexpectra.fr/relation-homme-robot-enjeu-de-co-creativite_14040.html


Robots efficace ?

Le remplacement des travailleurs par des robots sociaux dans des secteurs d'activité tels que l'hôtelerie ne semble pas être un franc succès. Comme en temoigne l'expérience de l'hôtel Henn-na au Japon qui avait mis en service 243 robots, pour finalement se débarasser de la moitié de ceux-ci, l'intégration des robots sociaux n'étant pas si évidentes.

Les tâches de ces robots sociaux étaient très variées, servant soit de robots employés, soit de robots de compagnie, ou encore de robots de surveillance, toute l'infrastructure hôtelière de l'hôtel Henn-na était basée sur leur présence.

Une expérience économique qui, au départ, était destinée à : "réduire les coûts et pallier le manque de main d’œuvre locale en accomplissant des tâches relativement simples, comme la gestion des bagages et des déchets, les robots ont rapidement vu leurs effectifs augmenter pour remplacer le plus possible la présence humaine." [1].

L'échec commercial de la mise en service de ces robots vient du fait de leur performance. En effet, les robots réceptionnistes peinaient à répondre à des questions simples, les robots bagagistes étaient lents et bruyants, etc. [1]

Le simple calcul de réduction des coûts ne semble donc pas toujours celui qu'il convient de faire lorsque l'on veut intégrer les robots dans son personnel, car : « En utilisant les robots, on s’est rendu compte qu’il y avait des tâches pour lesquelles ils n’étaient pas utiles, ou qu’ils dérangeaient les clients » (Hideo Sawada in [1]).

Les expériences en matière de robotisation de l'hôtellerie se muliplient, à l'hôtel Hilton ou Intercontiental, mais se font de façon plus limitée avec des robots-concierges ou des robots-livreurs.

Dans des métiers qui ne consistent pas simplement à remettre des.clefs de chambres ou de livrer le petit-déjeuner, la notion de service semble avoir été un peu galvaudé pour réduire les coûts, et laisser la place à la simple exécution de tâches déshumanisées.

[1] Sophie Kloetzli, "Un hôtel japonais licencie la moitié de ses robots-employés", Usbek & Rica, 16/01/2019, https://usbeketrica.com/article/un-hotel-japonais-licencie-la-moitie-de-ses-robots-employes


La responsabilité

L'autonomisation des robots par l'I.A. pose le problème de la responsabilité en cas d'accident.

L'Europe adopte comme approche : "d'accorder à cette catégorie de robots une personnalité électronique afin de les traiter « comme des personnes morales avec des droits et des obligations spécifiques ».", et "«plus un robot est autonome ou plus sa capacité d'apprentissage est grande, moindre devrait être la responsabilité des autres parties», à savoir leur fabricant ou leur propriétaire." [1].


[1] Antoine BERTRAND, "Émergence de l’intelligence artificielle - Quels défis et opportunités pour les PME bruxelloises et wallonnes ?", UCM, Service d’études d’UCM National, 2017, https://www.ucm.be/content/download/183180/3681845/file/ucm-etude-intelligence-artificielle.pdf





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